La Vouivre face aux serres de l'Aigle

Publié le par Le Grêlon

Et une nouvelle rubrique, UNE !!!

Comme promis, en collaboration avec le site du fan's club Hock'Ajoie (lien en bas de l'article), voici une petite chronique qui ne paie pas de mine mais qui je l'espère vous divertira à défaut de vous cultiver. J'en profite pour avouer que le photoshop est à la ramasse, mais j'ai une main gauche qui ne répond pas beaucoup à mes ordres, donc j'ai fait comme j'ai pu.

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Bonne lecture

La Vouivre face aux serres de l'Aigle

J'ai entendu de drôles de discussions à propos du match (ou non-match) de jeudi soir face à Langenthal. Certaines personnes autoproclamées consultants sportifs ne manquent dès lors que quelque chose ne va pas, et elles disparaissent aussi vite une fois le problème résolu. La remarque la plus hilarante (et irritante tant elle revient si facilement dans le vocabulaire du supporter ajoulot) a été faite à ma mère par son apprentie. Ma chère génitrice me rapporta que selon la jeune fille, si Ajoie avait perdu 8 à 1, c'était tout de la faute de ce salopard d'arbitre.

J'expliquai calmement à ma mère que si je croisais cette sympathique demoiselle dans les travées de la patinoire, elle entendrait des mots que ses jeunes oreilles ne pourraient supporter... Mais passons.

Je pourrais aussi parler de notre défaite contre le Sauterelle-Kustnacht Lions (c'est ce qu'entend un Outre-sarinien à chaque fois qu'on prononce le nom de ce club) mais le goût amer de la défaite et ce souvenir récent et douloureux risquerait d'en décourager plus d'un. Car j'ai aussi entendu d'une bouche innocente et par là dénuée du moindre semblant de pensée évoluée qu'il n'y aurait personne au match mercredi. Je réponds ceci :

C'EST UN MATCH DE COUPE DE SUISSE !!!

Cela fait quarante-deux ans qu'un tel événement n'a pas eu lieu et nous avons la chance d'accueillir et de jouer contre une équipe de LNA, la majeure partie de notre population se dira : « on va plutôt rester à la maison à regarder Castle ou Blacklist, ou peut-être même le match Bâle-Liverpool ».

Bon j'avoue, vous avez une bonne raison de rester devant votre télévision.

Mais comme à mon habitude, ceux qui me suivent depuis plus d'un an ne me contrediront point, je digresse et je m'oublie dans ma complaisance grammaticale et mon goût pour les discours alambiqués sans but. Revenons plutôt à ce qui vous intéresse, chers lecteurs, l'équipe adverse. Pour cela, il faut d'abord nous installer dans la Delorean de Doc Brown et plonger dans le début des années 2000.

Dans la soirée du mardi 12 mars 2002, alors que l'Ipod d'Apple se préparait gentiment à conquérir le monde, qu'Harry Potter et Frodon et ses compères remplissaient les salles de projection, qu'une majorité de ma génération se remettait des traumatismes occasionnés par Loft Story et Star Academy, ce soir-là, dis-je, un petit morceau d'histoire se forgeait dans la patinoire des Vernets : le dernier match officiel entre Ajoie et Genève-Servette se déroulait sur le score peu flatteur de 7 à 1 pour le local. Il faut dire que la série fut rapidement emballée et pesée par le mastodonte du bout du lac et que les deux étrangers, Bozon et Fedulov, recrutés par un certain Chris McSorley, nouveau venu à la tête du banc grenat, n'offrait que peu d'espoir au club ajoulot de vaincre (cela dit, on avait quand même explosé Bienne en quart, donc respect).

Située à un jet d'eau de Lausanne, cette petite ville a vu son équipe de hockey exploser en une décennie, s'appropriant les spectateurs d'un Stade de Genève dont l'atmosphère rappelait déjà celle d'un cimetière deux jours après la Toussaint, pour le transformer en une morgue de première classe. Arborant fièrement les deux titres conquis en coupe de Suisse et ses neuf titres honorifiques de vice-champion de Suisse dont deux finales perdues en 2008 et 2010 – ce qui lui vaudrait bien le surnom du Leeds United du hockey helvétique – ses fans ne sentent plus pisser lorsqu'ils montrent à une connaissance la Coupe Egon « Ghostbuster » Spengler remportée l'année dernière au dépens du CSKA Moscou. Ce qui permet de constater que Genf est très compétitif sur de courtes compétitions.

Mais ne faisons pas la fine bouche, c'est déjà un exploit retentissant que de remporter l'une des coupes les plus prestigieuses au monde ! Ce qui n'est pas mal pour ce petit club de la banlieue de Nyon.

Donc n'écoutant que leur courage, un peu plus de onze hivers après cette roue libre (qui n'est pas sans rappeler celle de jeudi), voilà que notre belle équipe toute de noir et d'or vêtue, va tenter dans son antre du Voyeboeuf de tenir la dragée haute à des Genevois qui sortent d'une défaite humiliante à Malley suivie d'une victoire contre le champion en titre.

Ajoie aura-t-il les ressources nécessaires pour venir à bout de ce colosse. Notre inamovible Steven Barras fera-t-il plier le clubiste Goran Berezina; notre nouveau sauveur Gary Sheehan arrivera-t-il à percer la stratégie de ce Chris McSorbet qui fout les boules a tous les arbitres helvétiques. Nos mercenaires Cloutier et Beauregard qui tue feront-ils des étincelles face aux étrangers... Tiens d'ailleurs, oui, je n'ai absolument pas la moindre idée de qui le tacticien natif de l'Ontario va choisir pour conduire ses troupes dans notre temple délabré.

Et qu'en sera-t-il des supporters genevois ? A-t-on prévu des coussins pour soulager leurs membres endoloris et a-t-on pensé à augmenter le thermostat pour éviter qu'ils ne s'enrhument ? Nos cousins du bout du Léman ne sont sans doute pas habitué à tant de rusticité, le déplacement à la Voyeboeuf risque fort de prendre des airs de visite guidée des Grottes de Lascaux. Et possède-t-on assez de trottoirs libres à Porrentruy pour accueillir tous les CD et les CC (et je ne parle pas du président de l'Olympique des Alpes).

Revenons-en aux fans genevois qui avec leurs écharpes jaunes et grenat sont souvent confondus avec les élèves de la maison Gryffondor. Ils ne manqueront pas de se moquer de notre ruine si vétuste qui nous sert de stade alors qu'ils ont une énorme fuite d'eau depuis des décennies et qu'ils ne sont même pas foutus d'appeler un plombier ! La paille dans l'oeil du voisin, hein...

Mais je m'égare à nouveau. Ses gentlemen, habitués aux boites de nuit très select et aux ambiances feutrés des tripots du quartier des Pâquis, seront peut-être étonnés, voir effrayer en écoutant nos chants de guerre qui rappellent la plupart du temps un remix des plus grands succès des Petits Chanteurs à la Croix de Bois par David Guetta. De plus, ils sont les seuls à mépriser encore plus que nous le LHC.

Quant à l'homme qui fait la pluie et le beau temps dans la cité de Marc Roger, ce monument encore plus célèbre que le général Guisan ou Winkelried dans les rues de la Rome protestante, j'ai nommé ce sacré Chris McSorley. Capable du meilleur comme du pire dans un match. Faisant basculer une partie par un coup de folie (qui s'il réussit sera qualifié de génie par la presse) à n'importe quel moment. Hurlant et vociférant sans aucun remord et sans aucun scrupule au visage de ses adversaires ou du directeur de jeu. Cet homme qu'on l'aime ou qu'on le déteste est à lui seul une attraction, le Space Mountain du hockey suisse, et une raison de plus pour venir mercredi se les geler sous le chapiteau de la Voyeboeuf.

Une dernière comparaison pour la route. Si on faisait un combat entre nos mascottes respectives, qui gagneraient selon vous ? Une créature légendaire au corps de serpent, aux ailes de dragons et à la tête de coq (???) ou un aigle (ou plutôt un pygargue à tête blanche) qui porte le nom d'un personnage de Disney (un nom de tigre qui plus est) ? Je donne le gros poulet vainqueur au premier round !!!

En définitive, quelles sont nos chances face à GSHC ? Minces, je pense. La différence de niveau est abyssale et à moins que la bande à McSorley ne vienne avec une équipe B, il faudra surtout de la chance, un moral d'acier, une défense irréprochable et une attaque en état de grâce pour espérer accrocher la tête du stratège du bout du lac sur le mur au-dessus de la cheminée. Mais surtout, il faudra du monde. Une ambiance de folie pour faire revivre le temps où les adversaires venaient à Porrentruy la peur au ventre pas seulement parce que le toit risquaient de leur tomber sur la tête, mais parce que la Voyeboeuf était alors un énorme cirque plein à ras bord où tout un public complètement acquis à la cause de ses champions pouvait faire douter l'équipe adverse d'un puissant rugissement.

Ceci n'est pas si loin, et n'oublions pas que nous pouvons encore faire peur.

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