Une enquête de l'inspecteur Crasson : 12d

Publié le par l'ajoulot Chistie

Vite fait emballé c'est pesé, plus j'avance dans ce chapitre plus je sens que je me suis fourvoyé lors de la construction de l'histoire. Mais bon au bout du tunnel viendra peut-être la lumière.

Bonne lecture

Une enquête de l'inspecteur Crasson : 12d

Crasson rendit son regard au professeur d'économie. Ils se dévisagèrent en silence, seul le lointain battement des tambours venait déranger cette scène. L'inspecteur avait un choix à faire, soit il laissait couler et changeait de sujet en signifiant à Daniel qu'il avait gagné, soit il lui rentrait dans le lard et alors toutes les conjectures étaient possibles. Il trouva néanmoins une troisième voie.

« Tu seras bien content de m'avoir pour te filer du café quand tu finiras comme à chaque Braderie en cellule de dégrisement. »

Cette réflexion parut avoir du sens pour l'économiste car il sourit et ce fut lui qui changea de sujet :

« J'espère que tu n'es pas venu pour m'arrêter ou m'interroger. » Il avait repris son ton de joyeux bouffon. « Je suis en grande discussion avec deux de mes élèves, mademoiselle Sanchez et mademoiselle Laissue. »

Deux jeunes filles qui devaient être un peu plus jeune que la victime se matérialisèrent dans son champ de vision. L'une et blonde et filiforme et l'autre était noiraude et très boudiné. Elles semblaient être de bonnes amis car elles portaient exactement le même manteau en feutre gris fermé devant par de gros boutons noirs et carrés. Elle dégustait un verre de blanc qui devait normalement servir à laver les vitres du garage Affolter situé juste à côté.

« Je vous connais, monsieur, s'écria la blonde qui devait être la dénommée Laissue comme le supposa Crasson. Vous étiez en train de lire un livre au bar du Faucon.

- C'est fort possible, répondit Crasson en optant pour un ton lugubre afin de couper court à la discussion qui allait s'ensuivre.

- Oui, c'est lui, s'esclaffa mademoiselle Sanchez en donnant un coup de coude complice à sa quasi-jumelle. Il y avait genre deux cents personnes et il lisait un bouquin. J'ai cru que vous étiez un de ces types bizarres comme on en rencontre quelquefois.

- Mais encore ?

- Ben, je sais pas. » Elle ne s'était pas attendu à ce genre de réponse. « des mecs, vous savez, qui passent plus de temps dans les livres qu'à regarder la télé.

- En somme, s'écria Socrates qui semblait sortir de sa léthargie. Vous pensiez que cet homme avait eu la malchance de tomber sur des parents qui lui avaient appris à lire.

- Je sais lire vous savez, s'offusqua-t-elle.

- Oui, ajouta Socrates d'une voix fielleuse. Mais n'importe qui peut lire les petits encadrés qui apparaissent en bas de l'écran dans un épisode de Secret Story.

- Je ne regarde pas que Secret Story ! » Les deux jeunes filles étaient devenues écarlates.

- Non en effet, il y a aussi Danse avec les Stars, l'Amour est dans le pré, Koh Lanta, je peux continuer encore un moment si vous le souhaitez.

- Cela suffira, dit-elle d'une toute petite voix.

- Ce que mon amie veut vous dire, expliqua la fille blonde. C'est que de nos jours, il est vraiment rare de voir quelqu'un lire en public. On a plutôt tendance à passer son temps sur son natel, par exemple.

- C'est tout à fait exact, acquiesça Crasson. Mais le problème est que je ne sais absolument pas comment mettre un livre dans mon Smartphone. Ce qui provoque quelques désagréments, comme les quolibets, mérités, de deux jeunes filles aussi intéressantes que vous. »

Les deux jeunes filles lui sourirent et il lui sembla même que la blonde lui avait fait un clin d'oeil. La soirée n'aura pas été complètement perdue, se dit Crasson

- Ah, la télé-réalité. » Au son de sa voix, Daniel n'avait absolument pas écouté un mot de son élève ni du policier mais en plus il était parti pour faire un sermon d'une demi-heure. « N'est-ce pas le symptôme le plus flagrant qui prouve au grand jour que notre société occidental capitaliste est devenu décadente, gangrénée par un surplus d'éducation qui provoque une fainéantise intellectuelle, je pense...

- Pourquoi pas se mettre au communisme ? »

Tout le monde se retourna pour découvrir à qui appartenait la voix qui avait dit une si grande absurdité. Ils tombèrent sur un jeune homme au teint blafard et à la coiffure sombre. Il était vêtu d'une grosse veste à capuche vert kaki et on remarquait qu'il portait dessous une chemise bleu ciel ainsi qu'une cravate à la couleur criarde et horrible. Il sirotait tranquillement à l'aide d'une paille une petite bouteille de sprite.

« Tiens, ça faisait longtemps que je ne t'avais pas vu à un match, Jérôme. » Dit Crasson en guise de salutation.

Le petit homme lui sourit de toutes ses dents et lui rendit la pareille :

« Je ne viens dans ce temple du patriotisme jurassien uniquement lorsque une raison impérieuse m'y oblige, mon cher inspecteur. »

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