La Sombre Cité de Loôn - Chapitre 7

Publié le par Jérémie "El Grêlo" Miserez

La Sombre Cité de Loôn - Chapitre 7

Arsène ne compris pas immédiatement ce qu'il se passait. Ce n’est qu’une fois que son destrier explosa entre ses jambes et qu'il fut projeté dans les airs qu'il commença à se douter et qu’il se dit qu’il y avait une couille dans le potage. Il décrivit une parabole au-dessus de la Place et chuta lourdement, son visage et ses paumes raclant les pavés. Son esprit complètement hébété par la douleur, ce fut son corps qui prit le relais et qui se souvint de ses vieux réflexes guerriers. Il se précipita sur son épée qui lui avait échappé des mains et qui gisait à quelques pas de là. Il hurla de douleur en la saisissant. Son poignet droit était cassé. Son instinct de survie le poussa à dégainer son pistolet de l'autre main. Il sentit une démangeaison entre ses deux omoplates. Quelqu’un allait l’attaquer en traitre. Il se retourna puis constatant qu’il n’y avait personne, il leva d’instinct les yeux vers le ciel et pointa son canon sur la créature qui fondait sur lui à toute vitesse. Il visa et appuya sur la gâchette.

 

*

 

     Fortuna pesta en voyant que l’attentat qu'elle avait commandité n'avait clairement pas atteint son but. La place de la Victoire était envahie par des flammes rouges aux reflets malsains, les pavés étaient jonchés de cadavres et tout le monde courait partout sous le coup d’une terreur absolue. Mais elle n'en avait cure : Arsène Van Klepht, sa proie, respirait encore.

     « On ne peut compter que sur soi-même. » Marmonna-t-elle tout en dégainant ses dagues-alouettes.

     Elle grimpa sur le petit muret de la terrasse dont elle avait fait son point d’observation. Elle prit son élan et fit un bond prodigieux dans le vide. Elle effectua dans les airs une cabriole digne des meilleurs acrobates puis, tête et lames en avant, elle fondit sur le capitaine qui peinait à se relever.

 

*

 

     Lutz rejeta sa cape en arrière et poussa un soupir de soulagement en constatant que son manteau mystique et ses réflexes surhumains avait sauvé la vie de Jonas et Madeleine. La déflagration et le mur de feu avait à peine écorné le tissu constellé de runes protectrices.

.    Il prit soudain la mesure du paysage de carnage qui se dressait tout autour de lui. Il se trouvait au milieu d'un champ de cadavres carbonisés. Une cacophonie de cris de mourants et de blessés lui vrillait les tympans.

     Lutz attrapa les deux enfants dans ses bras et les emmena hors de la place et loin de toutes ces horreurs.

     « Fermer les yeux les gosses, leur enjoignit-il. Tout va bien, tout va bien. »

     Piètre mensonge qui ne calmait en rien les pleurs des marmots. Tout n'allait pas bien, loin de là.

     Il réussit à les conduire jusqu'à la sécurité toute relative d'une venelle ténébreuse et presque déserte. Il les adossa contre un mur et entrepris de les examiner. Mis à part quelques contusions, ils étaient indemnes. Lutz poussa à nouveau un soupir de soulagement. Leur mère lui aurait tranché la gorge s'il leur était arrivé quelque chose alors qu’il en avait la garde.

     Des bruits de combats s’élevèrent de la place. Il prit par la main les deux enfants et s’éloigna encore plus du lieu du massacre. La rue parallèle à l'avenue était noire de monde. Civils affolés, militaires hystériques et policiers complètement dépassés se bousculaient dans un maëlstrom indescriptible. Dans l’incompréhension la plus totale, Cette foule anarchique allait bientôt créer des problèmes si on ne la contenait pas rapidement.

     Il analysa froidement la situation et mit en place ses priorités : D'abord mettre les enfants en sûreté, ensuite s'occuper de tout ce foutoir.

     Il avisa un jeune homme dans un uniforme du guet. Il le saisit par le col et lui présenta un insigne en argent représentant les armoiries du Conseil des Sept. Il n'aimait pas griller sa couverture aussi facilement mais nécessité faisait loi dans ce chaos.

     « Ordre des sicaires, vous passez sous mes ordres, compris ? » Lui ordonna-t-il.

     Il désigna les enfants Beckmann : « Je vous confie la garde de Jonas et Madeleine Beckmann. Et s'il ne leur arrive ne serait-ce qu'un problème : une écorchure ou un début de rhume, vous en répondrez devant Sélène et le Conseil des Sept, compris ? »

     Le policier pris une expression affolée mais acquiesça machinalement lorsque Lutz lui refila les deux gosses.

     « Où tu vas, monsieur Teuffel ? Lui demanda Madeleine.

-  Je vais combattre les méchants, gamine.

     Lutz déboutonna son gilet sans manche, laissant apparaître une chemise blanche et un léger embonpoint. Il tira une lame de rapière cachée dans sa canne et s'empara d'un stylet dissimulé dans sa botte.

      Il adressa un dernier clin d'œil à ses pupilles puis courut en direction du danger.

Fin du chapitre 7

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