Effroyables légendes ajoulotes #13 bis : le guerrier à la vouivre dernière partie

Publié le par Jérémie "El Grêlo" Miserez

Effroyables légendes ajoulotes #13 bis : le guerrier à la vouivre dernière partie

Voilà votre rubrique préférée de retour après deux semaines de silence.

J'espère que vous comprendrez que le manque d'inspiration peut être provoqué par divers facteurs et stimulis aussi importants qu'imprévisibles : en voici de type mineur

Le HC Ajoie et j'étais tout seul à la maison, mes vieux instincts de célibataire sont facilement remontés à la surface et comme j'ai retrouvé SIM CITY 4 et Baldur's Gate 2, Fallout 2 et Starcraft I dans une des chambres de la maison. Ce trésor inespéré que je croyais perdu m'a rapidement fait régresser à un stade de mon évolution que je croyais révolue : le NO-LIFE.

Revenons à nos moutons :

Pour lire ce texte, je vous conseille de lire la première partie du guerrier à la vouivre, je vous donne donc un lien qui vous permettra de combler vos lacunes.

Pour ceux qui sont trop fainiants pour lire le début, je fais un bref résumé :

Stock, fier guerrier et champion de la tribu des Rauraques vers la fin de la guerre des Gaules décide un jour de remonter vers le nord pour trouver un adversaire à sa hauteur. après plusieurs combats, il se retrouve face à un gigantesque dragon et pense avoir enfin trouver son maitre. Malheureusement pour lui, il tue le reptile cracheur de feu et retourne vers le sud, triste et désespéré...

Je vous souhaite une bonne lecture et je vous donne rendez-vous :

-le mardi à midi pour la chronique du supporter

- le lundi et le jeudi à 18h pour les prochaines légendes ajoulotes !

Merci et n'oubliez pas de liker ;)

...Il erra longtemps dans la nature, ruminant sur ses victoires, râlant sur la faiblesse du monde entier.

Il arriva enfin dans un village entouré d'une haute palissade en bois. Malgré son apparence rugueuse et son attitude antipathique, les gardes le laissèrent entrer. Les habitants faisaient peine à voir, la famine et la maladie semblaient avoir atteint la totalité de la population. Leur chef, un vieux guerrier à la barbe grise tressé, invita Stock dans sa hutte et lui expliqua que son peuple mourait de faim car une horde de guerriers sanguinaires massacraient sans aucune raison tous les hommes qui osaient s'aventurer au dehors des murailles de rondins.

Le village fortifié était à bout et bientôt il ne leur resterait plus comme solution de faire une sortie désespérée dans l'espoir d'anéantir l'étau qui les emprisonnait.

Stock fut ému devant tant de malheurs et jura sur son arme qu'il les délivrerait du joug de ces barbares.

Le Rauraque quitta seul le village au petit matin et prit la direction du camp ennemi. Il les sentit venir avant même de les entendre ou de les voir. Leur odeur méphitique, relent de pourriture et de sang séché, les précédaient comme un funeste héraut annonçant la ruine de leurs adversaires.

Un millier d'hommes lui tombèrent dessus. Il les massacra sans aucune pitié ni aucune remords. Ce n'étaient plus des guerriers, adeptes d'un code d'honneur et d'une certaine loyauté, mais des monstres de barbarie qui avaient depuis longtemps perdus leurs âmes dans les flots de sang qu'ils avaient versés.

Ils se jetèrent sur sa lame comme des bêtes féroces, aucune peur ne se lisait dans leur regard alors que la lame de Stock tranchait les artères et brisait les os sans aucune considération.

Il se retrouva tout à coup au milieu d'un charnier sans nom qu'il avait lui-même provoqué, créateur d'une mosaïque vermeille et carmin qui décoraient la plaine autrefois verte.

Il fut accueilli en héros, instrument de la justice divine, par les habitants du village et le chef lui offrit sa place, le nommant protecteur de son peuple.

Et pour la première fois depuis longtemps, Stock fut heureux...

Il se découvrit un goût pour la flatterie et l'adoration de ces êtres inférieurs, incapables de se défendre seuls. Il décida que sa véritable vocation, son sacerdoce sur cette terre, serait de combattre l'injustice et la tyrannie sous toutes ses formes. L'homme était un loup pour l'homme, lui avait dit un vieux sage autrefois. Il ne garderait que les moutons, proclama-t-il. Mais d'abord, il allait devoir se fabriquer une arme à la mesure de sa grandeur...

Il accepta le titre et entreprit de transformer ces paisibles chasseurs-cueilleurs en une redoutable armée. Puis quand ils furent fin prêts, Stock en prit la tête et ils se lancèrent dans une guerre sainte qui devait durer une décennie.

A la tête de ses troupes redoutables et redoutées, Stock assiégea de grandes cités et libéra du joug de ses oppresseurs pour les mettre sous le sien bon nombres de peuplades. Au début, lorsqu'il combattait, il laissait le choix à ses adversaires de se rendre et de les rejoindre. Mais il éprouvait une certaine amertume à chaque bataille évitée par un traité de paix.

Petit à petit le goût de la guerre et du massacre étouffa son désir de justice et de liberté. Il cessa bientôt de proposer la paix et son arrivée, au lieu d'être un signe de réjouissance et de liesse, déclenchait désormais une peur panique et des scènes de terreur incontrôlée.

Stock, au fur et à mesure qu'il volait de victoires en victoires, devint plus sombre et plus violent, et de tueur de tyrans et de dictateurs, il en devint un lui-même. Il s'emportait facilement, torturait à sa guise ses ennemis et ses serviteurs pour le seul plaisir d'entendre leurs hurlements qui résonnaient à ses oreilles comme une douce symphonie. Il se fit forger une lourde armure faite d'un métal noir d'origine inconnue qui sentait horriblement mauvais et, mis à part le heaume, il ne l'enlevait qu'au moment de se coucher, et seulement en présence de certaines concubines à qui il avait fait crever les yeux pour qu'elles ne le voient pas sans ses atours de guerrier.

Et il avançait, sa horde de meurtriers dociles le suivant sans jamais se plaindre.


 

Au bout de dix ans, Stock se dit qu'il était temps pour lui de mettre en œuvre son dessein suprême. Celui qui ferait de lui une légende dont on chanterait les exploits pour les siècles à venir : Il allait anéantir la plus puissante créature du monde connu, l'Empire romain.

Et le première assaut serait contre le peuple qui l'avait vu naitre et qui l'avait formé à l'art de la guerre. La tribu des Rauraques.

Il se présenta un matin à la frontière de son pays, vêtu de son armure noire rutilante et monté sur un immense palefroi de la même couleur de mort. Sûr et certain que ses frères d'autrefois l'accueilleraient en libérateur, il eut la désagréable surprise de voir apparaitre dans l'aube naissante au lieu d'un cortège décoré de fleurs et de présents de bienvenue, une armée très bien équipée et rangée en formation de bataille, bien décidée à en découdre avec l'envahisseur.

Car ce que Stock appelait ses exploits avaient eu un tout autre retentissement dans sa patrie d'origine. Les réfugiés qui affluaient des territoires qu'il avait conquis parlaient d'un démon aux couleurs des ténèbres qui dévoraient les guerriers et se faisaient une cape en peau de nouveaux-nés. Ils racontaient aussi que la meute de monstres aux visages humains qui le suivaient ne laissaient personne en vie dans son sillage, que des os méticuleusement nettoyés et une terre brûlée et maudite à jamais.

Les Rauraques n'auraient jamais pu imaginer que leur champion d'autrefois était devenu ce monstre diabolique, aussi crurent-ils que cet envahisseur sortait tout droit des enfers glacés du nord.

Ils avaient peur, mais ils n'en restaient pas moins de redoutables combattants et leur honneur les enjoignaient à protéger la frontière de l'empire, car c'était la mission qu'on leur avait confié.

Stock fut pris d'un irrésistible accès de rage en voyant ses parents se préparer au combat et il envoya ses troupes à l'assaut en ordonnant de ne pas faire de quartier.

La bataille fut rude et dès le début, les armées de Stock prirent le dessus. Bien que les Rauraques, entrainés par des instructeurs romains désormais qui leur avaient enseigné la discipline et la cohésion impériale. Ils ne faisaient pas le poids face à tant de sauvagerie.

Stock, lui, se délectait en éventrant ses ennemis et en versant le sang fraternel. Le démon noir avait pris une teinte rouge. Il riait pendant qu'il s'adonnait à un carnage tout méthodique, presque mécanique. La défaite ne lui venait même pas à l'esprit.

Mais alors qu'il tenait en respect de son simple regard une trentaine de guerriers rauraques, il ne vit pas une ombre furtive se glisser derrière lui, un long poignard effilé dans la main.

L'assassin l'attaqua en traitre dans son dos. Et dans un geste imparable et d'une précision inhérente à son métier de semeur de mort, il planta sa lame à la base de la nuque, le seul endroit ou son casque et son armure ne le protégeait pas.

Il n'eut pas le temps de se lamenter sur son sort, de penser qu'une mort pareille était injuste pour un héros de sa trempe. Il ne ressentit que de la surprise et alors qu'il fermait les yeux et tombait en avant, sa bouche se remplit de sang.

Il était mort.

Un grand silence se fit sur le champ de bataille. Les envahisseurs ne pouvant croire que leur maitre était mort lui qui avaient survécu à tant de batailles. Ils en étaient presque arrivés à croire à son immortalité et à son invincibilité. Les défenseurs, quant à eux, doutaient, n'arrivant à imaginer qu'ils avaient désormais une chance de gagner.

L'homme qui avait tué Stock se leva et brandit son arme de lâche pour qu'elle soit visible de tous. Puis il s'écria :

« Moi, Balar, frère de notre défunt champion Stock, déclare avoir tué le tyran, le démon des ténèbres. Fuyez sans vous retourner si vous tenez à prolonger votre misérable existence.

La horde de Stock se débanda immédiatement et ceux qui restèrent et tentèrent de résister furent passés par les armes. Pas de quartier.

 

Balar et ses guerriers transportèrent le corps jusqu'à leur capitale, dans le but de le pendre à leurs murailles en guise d'avertissement pour les futurs envahisseurs. Lorsqu'ils enlevèrent son armure, quelle ne fut pas leur surprise de découvrir que le monstre qui les avait failli les anéantir était Stock.

On pleura pendant des jours la mort de Stock, le meilleur de tous les Rauraques dont la quête l'avait finalement conduit à la folie et l'avait fait basculé du côté du chaos.

Balar ne versa pas une larme et cacha sa tristesse à tous. Mais il ne fut plus jamais le même, jetant souvent un regard plein de haine vers le nord et la route maudite que prit son frère quelques années plus tôt.

On lui fit des funérailles monumentales car il restait, et resterait à jamais leur champion. Mais lorsqu'on retourna examina son dos, c'est avec horreur que les embaumeurs constatèrent que le serpent s'était transformé pour devenir une créature hideuse. Elle était muni d'un bec et arborait une crête sur la tête ainsi que des ailes de chauve-souris. Sa queue se terminait par un dard venimeux et des pattes antérieures avaient poussés.

Du sage serpent il ne restait plus rien. Il avait muté en une horrible gargouille, une Vouivre.

On découpa la peau du dos du défunt Stock et on la tanna. Puis elle fut dès ce jour brandit comme étendard et drapeau des Elsers.

Cette emblème rappellerait à jamais que le plus grand guerrier de tous les temps avait été Rauraque. Mais ce serait également un avertissement sur une vérité triste et amère : le mal est plus contagieux que le bien, et le combattre entache inévitablement l'âme du héros...

 

Il semblerait que les héritiers de ce drapeau, les Ajoulots, aient oubliés cette leçon...

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article