Cette ruine qu'on adore

Publié le 25 février 2014 par ajoulot pouet pouet

Quel est donc cet étrange amas de tôles

Ce demi-tonneau à côté de ceux qui font du crawl

Construit à l'endroit le plus froid de la ville de Porrentruy

Qui ne se réchauffe que grâce à la chaleur des derbys

On pourrait croire qu'il faut quelques litres de calvados

Pour entrer dans cette épave où on risque le tétanos

Mais il suffit d'une seule soirée dans la tribune avec ses amis

Pour que les mauvaises langues soient empêtrées dans le déni

On pourrait penser que cette bâtisse risque de nous tomber sur le faciès

Qu'elle est aussi solide que la carrière de Valérie Mairesse

Que seul un fou ou un idiot irait se les geler dans cette ruine

Que cette patinoire a revêtu son costume d'Halloween

Mais étranger sache que pour l'Ajoie cette sombre patinoire

Est comme un musée, un temple de notre histoire

Elle n'a peut-être pas un grand écran au milieu

Que pour lire les assists il faut plisser les yeux

Mais il ne manque qu'un clocher pour en faire une Notre-Dame

Notre autel est notre kop et entretient la pieuse flamme

Par contre nul besoin d'un sonneur comme Quasimodo

Votre serviteur est là pour hériter du boulot

Celui qui n'est jamais venu boire l'apéro sous la grande tente

Boire des Calanda et écouter des histoires vraiment marrantes

Il ne peut nous juger et nous traiter de niais

Sans avoir écouter les éloges à Barras et Desmarais

Que certains poètes amateurs et légèrement avinés

Sur cette scène devant un public expert ils leur ont dédiés

On ne peut comprendre la Voyeboeuf sans faire un tour

A la droite du gueulet là où notre confrérie à ses quartiers

Lors des playoffs il y fait noir comme dans un four

Car il s'en dégage fumée de cigarettes pas vraiment autorisées

Si tu nous suis chez ces fanatiques, c'est à tes risques et périls

Ne t'attends pas à de l'eau gazeuse pour recharger tes piles

Entre Régis, les deux Xa, Tristan et le Cousin

Qui chante en choeur à les entendre jusqu'au Limousin

N'oublie pas ton serviteur, le Zouzou blanc, l'ABG et la Pomme de terre

Qui sous couvert de blagues te font une conférence digne des meilleurs experts

La tribune est en bois, l'horloge et le tableau sont justes au-dessus de nous

On se retourne à chaque instant pour regarder ce score qui ne vaut pas un clou

Mais pour rien au monde je n'échangerais ma place avec les nantis

Eux qui nous toisent d'en haut et sont confortablement assis

Et quand parfois un coup de vent fait s'envoler la tuilerie

On en rit aussi bruyamment qu'un orgue de barbarie

On ne voit peut-être pas bien le match à cause de la buée

Qui recouvre le plexi lorsque les supporters provoquent une échauffourée

Que notre zamboni qu'on appelle ici Rolba tombe souvent en panne

Mais cela vaut mieux qu'un concert de Francis Lalanne

Mais c'est notre patinoire si chère à notre coeur

Et on la défend toujours, il en va de notre honneur

Il faut peut-être une heure avant le match pour commander une pizza

Au restaurant du Puck, mais c'est pas grave, il y a pire que ça

On aurait pu être repris par le millionnaire Chagaev

Refaire cette ruine si vieille qu'elle à des bas-reliefs

On aurait pu avoir comme président un certain Constantin

Qui changerait d'entraineur tout les dimanche matin

Bref cette patinoire est ancienne mais c'est une de nos fiertés

Et lorsqu'elle disparaîtra beaucoup risquent de la pleurer

Car elle fut un haut lieu de nos grandes victoires

Un écrin digne de notre si belle histoire

Maintenant écoutez-moi je parle sérieusement

Tendez donc l'oreille messieurs les dirigeants

Rénovez cette patinoire qui en a un besoin urgent

Je suis prêt pour ça à vendre la moitié de mes dents

Car on n'a pas besoin de quenottes pour boire des bières

Et de la soupe en boite je finirai par m'y faire